Biélorussie: Comment les médias indépendants et les militants continuent à tout risquer

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EUvsDisinfo suit régulièrement la manière dont le régime illégitime d’Alexandre Loukachenko abuse du système juridique et des services de sécurité du pays pour museler les très rares voix indépendantes qui continuent à se faire entendre en Biélorussie. Parmi ses cibles figurent des journalistes, des médias régionaux, des canaux Telegram ainsi que leurs abonnés et lecteurs.

En Biélorussie, il a toujours été difficile d’exercer sa liberté d’expression, même avant les élections truquées d’août 2020. La répression du régime s’est toutefois intensifiée par la suite. Le nombre de cas et d’exemples est tel qu’il nous faudrait des centaines de pages pour les citer.

Ci-dessous, nous résumons les principales mesures prises par le régime d’Alexandre Loukachenko au cours des derniers mois. Parmi ces mesures, citons: la persécution de journalistes, le recours à des accusations inventées de toutes pièces ou absurdes, de lourdes peines d’emprisonnement, des «confessions» forcées et une pression exercée sur la famille et les amis des militants, davantage de répression contre les réseaux sociaux et la distorsion de l’environnement économique, la manipulation des comptes, et des liens plus étroits avec les autorités russes responsables des médias de masse. Attendez-vous à plus de répression.

Mars 2022

Des journalistes persécutés pour des raisons absurdes. Le 15 mars, Yahor Martsinovitch, le rédacteur en chef de Nacha Niva, ainsi qu’Andreï Skurko, son rédacteur, ont été condamnés à 2,5 ans de prison pour avoir soi-disant appliqué des taux erronés dans le paiement des services publics du bureau du journal, à Minsk. Nacha Niva est le média indépendant de langue biélorusse le plus populaire du pays. Le KGB a accusé le journaliste biélorusse Dzianis Ivachyne, derrière les barreaux depuis mars 2021, de coopérer avec les services spéciaux ukrainiens et l’a inculpé pour trahison contre l’État. Il avait contribué au média indépendant Novy Tchas («Le Nouveau temps») et à l’initiative ukrainienne de démystification InformNapalm.

Le nombre de «confessions» vidéo diffusées sur des canaux Telegram qui propagent la propagande biélorusse a considérablement augmenté. Chaque semaine, l’application en diffuse des dizaines. On y voit des personnes demander pardon pour de supposés méfaits commis, comme d’avoir cliqué sur des bannières publicitaires qui présentent des associations interdites des couleurs blanche et rouge.

Chercher «la 5e colonne». Différentes catégories sociales et professionnelles de la population ont été ciblées. Par exemple, durant la période qui a précédé l’invasion de l’Ukraine, l’armée russe a utilisé les infrastructures ferroviaires biélorusses. Depuis lors, les partisans du régime ont forcé des dizaines d’employés des chemins de fer biélorusses à enregistrer des «confessions vidéo» diffusées sur des canaux Telegram pro-régime. Ces employés ont «confessé» leurs méfaits et ont été accusés d’appartenir au canal TG «Communauté des travailleurs ferroviaires» considéré comme «extrémiste» par le régime biélorusse.

Des mineurs ont eux aussi dû se confesser sur des canaux Telegram pro-régime. Ainsi, deux adolescentes biélorusses ont reconnu avoir soi-disant téléchargé sur leurs comptes TikTok des vidéos montrant des équipements militaires en Biélorussie. Nous ne communiquons pas de lien vers ces vidéos dérangeantes afin de ne pas encourager leur propagation.

Des contributeurs de Wikipédia persécutés. Mark Bernstein, un militant biélorusse de Wikipédia, a été placé en détention durant 15 jours pour avoir «diffusé de faux contenus anti-russes». Son arrestation a eu lieu après qu’un canal TG de propagande russe a publié ses données personnelles et l’a accusé d’enfreindre une nouvelle loi russe qui interdit de critiquer la guerre en Ukraine suite à ses modifications d’un article Wikipédia relatif à l’invasion russe. Mark Bernstein est resté derrière les barreaux avant d’être condamné un mois plus tard à trois ans de restriction de liberté et d’être libéré. Pavel Pernikov, un autre auteur de Wikipédia, s’est vu infliger une peine de deux ans de prison pour avoir co-écrit des articles relatifs aux manifestations et à la répression qui ont suivi les élections de 2020 en Biélorussie.

Une répression menée contre de nouveaux agrégateurs. Le 22 mars, le décret d’Alexandre Loukachenko sur les agrégateurs d’actualités en ligne a été publié. Il stipule que si un agrégateur partage dans son flux un article provenant d’un média officiellement restreint, il pourrait lui-même faire l’objet de restrictions. Bien que ce décret ne mentionne aucun agrégateur spécifique, Yandex et Google Actualités seraient les principaux concernés. C’est pourquoi, le régime biélorusse tente de combler les dernières failles qui permettent à ses citoyens d’accéder à des informations objectives ou non contrôlées.

La Russie a limité l’accès aux médias biélorusses indépendants en ligne, probablement en raison de leur couverture de la guerre contre l’Ukraine de plus en plus suivie dans le pays. Les autorités ont également bloqué les sites web de Zerkalo.io (anciennement Tut.by), Nacha Niva, Euroradio, Belsat, et d’autres.

Avril 2022

Des réglementations draconiennes sur les publicités commerciales. Le 31 mars, Alexandre Loukachenko a signé un décret «sur le développement des médias de masse», qui réglemente les publicités commerciales. Cet acte introduit une taxe de 10 % sur le placement de publicités à l’extérieur ou dans les transports en commun; dans d’autres cas, elle s’élève à 20 %. Cette taxe est payée par les annonceurs et sert à financer les médias d’État. Elle n’est toutefois pas perçue si les publicités sont directement placées dans les médias d’État. Dès lors, toute annonce de marques internationales en Biélorussie, indépendamment de son emplacement, soutient la propagande d’État.

Accroissement des restrictions en ligne. L’accès à Voice of Belarus, une initiative médiatique bénévole, a été limité en Biélorussie. Les autorités ont qualifié le contenu du média régional indépendant populaire Media Polesye, y compris ses publications sur Vkontakte et Odnoklassniki, d’«extrémistes». L’accès au site web est depuis longtemps restreint, et ses employés ont été licenciés. Les autorités avaient auparavant engagé des poursuites pénales contre le propriétaire de Media Polesye. Andreï Beliavsky, un blogueur de TikTok dont le compte est suivi par plus de 100 000 personnes, a été brutalement arrêté. Des canaux TG pro-régime ont publié la vidéo de sa «confession» ainsi qu’une vidéo de sa détention. Il est accusé d’avoir insulté Alexandre Loukachenko.

En outre, le régime a qualifié une série de canaux Telegram d’«extrémistes»; la Cour suprême allant jusqu’à qualifier les canaux TG populaires NEXTA, NEXTA Live, et Luxta de «terroristes». Le 19 avril, lors d’une réunion de haut niveau avec des responsables de la sécurité, Alexandre Loukachenko a critiqué ses partisans et les a accusés de ne pas faire preuve de plus de loyauté et de détermination dans la lutte contre les «extrémistes». Non seulement des médias et des ONG sont qualifiés d’«extrémistes», mais des documents imprimés aussi. Un média a ainsi rapporté qu’un livre héraldique sur les symboles militaires biélorusses intitulé «Histoire militaire de la Biélorussie» avait été ajouté à la liste des «extrémistes» par le ministère de l’information.

Manipulations du nombre de vues des chaînes YouTube contrôlées par l’État. La chaîne YouTube de la Belarusian Broadcasting Company et d’autres chaînes contrôlées par l’État ont connu une augmentation considérable de leur nombre de vues entre fin mars et début avril 2022, en particulier pour des vidéos liées à l’Ukraine. Certaines d’entre elles, qui totalisent normalement quelques milliers de vues, ont été visionnées des centaines de milliers, parfois même un million, de fois. Ces chiffres pourraient s’expliquer par d’importants investissements promotionnels dans la couverture pro-Kremlin de la guerre en Ukraine et des relations entre la Russie et l’Occident. Les chiffres gonflés des vues sont revenus à la normale fin avril.

Des vidéos montrant des mères de combattants biélorusses en Ukraine. Un canal Telegram associé au régime biélorusse a publié une vidéo d’une femme de 68 ans, mère d’un volontaire biélorusse qui combat pour Kiev et l’Ukraine, dans laquelle elle explique avoir honte de son fils. Cette vidéo présente le signe de bataille russe «Z» à l’arrière-plan. Zerkalo.io a interrogé son fils qui a déclaré que sa mère avait subi des pressions pour réaliser la vidéo. Le 15 avril, Igor Tur, (qui figure sur la liste des sanctions de l’UE pour avoir créé de la propagande et de la désinformation pour le régime biélorusse et qui est aussi présentateur de la chaîne ONT TV détenue par l’État) a publié une vidéo similaire de la mère d’un autre volontaire biélorusse. On la voit s’adresser à son fils en lui disant qu’«il est préférable de passer quelques années en prison dans son propre pays que de tuer des gens».

Mai 2022

Des centaines de canaux Telegram sur la liste des «extrémistes». Selon des commentaires officiels, en mai, 633 canaux TG figuraient sur la liste des «extrémistes», et plus de 200 personnes sont détenues depuis le début de l’année pour avoir propagé des informations issues de sources «extrémistes». Les canaux TG qualifiés d’extrémistes ne sont pas nécessairement consacrés aux actualités politiques, le canal TG Ekonomika Belarus («Économie de la Biélorussie») a lui aussi subi le même sort. Dans certains cas, des canaux TG et des médias en ligne sont qualifiés de «formations extrémistes».

Être un «extrémiste». Bien que s’abonner à ce genre de canaux «extrémistes» soit considéré comme une infraction administrative, suivre une «formation extrémiste» en ligne peut en revanche entraîner des poursuites pénales et être puni de plusieurs années d’emprisonnement. Entre-temps, la liste des sources «extrémistes» ne cesse de s’allonger. Le livre «L’Idée nationale biélorusse» a été ajouté à la liste des contenus «extrémistes», et le roman «Les Chiens d’Europe» de l’auteur biélorusse contemporain Alherd Bakharevitch fait partie des ouvrages récemment qualifiés d’«extrémistes».

Davantage de médias «extrémistes» et davantage de restrictions. Le site web de Mediazone.Belarus et tous ses comptes de réseaux sociaux ont été ajoutés à la liste des «extrémistes». Le projet Chestnaya Gazeta («Journal honnête»), qui diffusait les actualités de Biélorussie sous la forme de brochures pdf, a été qualifié de «formation extrémiste». Les autorités ont perquisitionné le bureau du média régional promogilev.by. Igor Kazmerchak, journaliste et rédacteur en chef d’Orsha.ru, est considéré comme un suspect dans une affaire pénale pour avoir insulté le Président. Konstantin Zolotykh, directeur du média économique «Les Biélorusses et le marché», a été détenu par le KGB et fait face à des poursuites pénales pour incitation à la haine. Yury Hantsarevitch, correspondant du journal indépendant Intex-Press, a été arrêté pour avoir envoyé des photos d’équipements militaires russes à des médias indépendants. Les canaux TG pro-régime ont publié la vidéo de sa «confession». Une autre affaire pénale, concernant cette fois l’organisation d’un groupe terroriste, a été engagée à l’encontre du blogueur Stepan Putilo, le fondateur du plus grand canal TG biélorusse, NEXTA, et ses collègues.

Répression des proches des blogueurs et des travailleurs du secteur des médias. Le 26 mai, les parents de la cantatrice biélorusse Margarita Levtchouk ont été brièvement placés en détention et se sont vu infliger de lourdes amendes pour «ne pas avoir obéi à la police». Les autorités ont également perquisitionné et vandalisé l’appartement des parents du blogueur Andreï Pauk et détenu l’un de ses amis. Margarita Levtchouk et Andreï Pauk sont membres d’un duo satirique dont les chansons ont pour thème la politique. Ils possèdent une chaîne YouTube populaire. On rapporte également que la mère de Yahor Martsinovitch, le rédacteur en chef de Nacha Niva qui a été emprisonné pour des raisons politiques, aurait été licenciée du magazine Mastactva («Art») dont elle dirigeait la section musicale depuis 1991.

Les blogueurs de YouTube, TikTok et Instagram continuent à être ciblés. La chaîne YouTube populaire Zhizn-Malina (110 000 abonnés), gérée par le blogueur Nikita Melkozerov, a été ajoutée à la liste des «extrémistes». Cette chaîne diffuse notamment des entretiens avec des militants civils, des politiciens et des personnalités populaires de la culture biélorusse. Rostislav Chepurnoy, un blogueur d’Instagram qui a publié la protestation d’un travailleur à une usine laitière biélorusse, a été arrêté, et un journal d’État a diffusé la vidéo de sa «confession» en ligne. Les canaux TG pro-régime ont relaté l’histoire d’un enseignant qui a partagé les emplacements de soldats russes avec la chaîne télévisée Belsat. Il encourt jusqu’à sept ans de prison.

Une répression contre une nouvelle librairie qui vend des livres d’histoire biélorusse. Le régime ciblait de plus en plus les manifestations publiques d’identité et de culture biélorusses. Durant la première moitié de l’année 2022, les activités de quatre maisons d’édition biélorusses qui publiaient des livres en biélorusse ont été interrompues. Le 16 mai, des propagandistes de médias d’État biélorusses ont critiqué une nouvelle librairie de Minsk qui vendait des livres d’histoire en langue biélorusse. Quelques heures plus tard, les forces de l’ordre y ont effectué une descente. Les propagandistes d’État en Biélorussie agissent de plus en plus comme une entité de contrôle de l’État qui surveille les manifestations de l’identité biélorusse dans l’espace public et oriente les actions répressives de l’appareil étatique contre ces manifestations.

Alexandre Loukachenko demande une «contre-propagande» plus active Le 31 mai, Alexandre Loukachenko a présidé une réunion de haut niveau consacrée à la propagande. «Le plus important, c’est de pouvoir mener une contre-propagande, comme on l’appelait en Union soviétique», a-t-il déclaré. Suite à cette réunion, le chef de l’administration présidentielle, le major général du KGB Igor Sergueïenko, a ajouté: «Vous pouvez dire ce que vous voulez dans les médias. Mais le plus important, c’est d’en être responsable devant les citoyens, la société, vous-même et la loi». Entre-temps, les défenseurs biélorusses des droits de l’homme ont documenté le cas d’une personne arrêtée pour des raisons politiques qui a été contrainte de se tenir debout et de regarder des discours d’Alexandre Loukachenko durant trois nuits de suite (de 20 h à 6 h) dans une pièce spéciale du centre de détention.

Juin 2022

De nouveaux médias «extrémistes»et des blogueurs «terroristes». Plus de 50 nouveaux noms ont été ajoutés à la liste des contenus extrémistes, y compris les comptes Facebook et Instagram personnels de militants biélorusses. Le projet de «Conseil de la culture biélorusse», son site web et ses réseaux sociaux ont notamment été ajoutés à la liste des «formations extrémistes». Plusieurs canaux TG, dont le canal Us Lukashenka («la moustache de Loukachenko») qui propose une vision humoristique de la politique, ont été qualifiés de «formations extrémistes». Le KGB a ajouté le blogueur Ihar Losik, qui a été condamné à 15 ans de prison fin 2021, à la liste des terroristes. De nouvelles descentes ont eu lieu chez des blogueurs, et des canaux Telegram pro-régime ont publié des «confessions vidéo» de quelques blogueurs de TikTok, parmi lesquels Alexeï Bondar, dont le compte lexmask est suivi par plus de 57 000 personnes.

Six ans de prison pour un journaliste et d’autres actes de répression contre des professionnels des médias. Le 8 juin, Andreï Kouznetchik, un journaliste indépendant travaillant pour le service biélorusse de Radio Liberty, a été condamné à six ans de prison sous régime strict. Il a été inculpé pour avoir créé une «formation extrémiste». Le 6 juin, le procès impliquant la plus grande agence de presse indépendante, Belapan a débuté. Quatre de ses employés, y compris sa rédactrice en chef Irina Levchina et son ancien directeur Dmitry Novozhilov, sont accusés d’«organisation d’une formation extrémiste» et de délits fiscaux. Le journaliste Andreï Aleksandrov est également accusé de trahison.

Oksana Kolb, la rédactrice en chef du journal indépendant Novy Tchas (Le Nouveau temps) a été condamnée à 2,5 ans de prison. Les équipes éditoriales du plus grand site web dédié à l’automobile abw.by et du plus grand site web consacré à l’informatique dev.by ont été poursuivies. La journaliste biélorusse Tina Polynskaya s’est vu infliger une amende d’environ 1 500 dollars pour avoir des rubans bleus et jaunes (les couleurs du drapeau ukrainien) sur son sac. Les autorités ont perquisitionné son appartement après qu’elle a publié un message critique sur Facebook concernant la visite du responsable de l’église orthodoxe russe en Biélorussie. Le photographe indépendant Evgeny Yerchak, qui a collaboré avec Tut.by, a été placé en détention. Sergueï Satsouk, le rédacteur en chef d’Ejednevnik, fait face à de nouvelles poursuites pénales.

Voir également notre précédent article sur les prisonniers politiques en Biélorussie ici.

Davantage de personnes qualifiées de «terroristes» pour des commentaires critiques en ligne. En juin, le KGB biélorusse a ajouté des dizaines de Biélorusses à une liste des terroristes, parmi lesquels la cheffe de l’opposition Sviatlana Tsikhanouskaya (qui travaille depuis la Lituanie), des blogueurs et des militants, ainsi que des citoyens ordinaires qui ont publié des commentaires critiques sur un officier du KGB tué au cours d’une fusillade l’année dernière. De lourdes peines sont encore infligées contre ceux qui exercent leur liberté d’expression. Une femme de 57 ans a par exemple été condamnée à 1,5 an de prison pour avoir qualifié Alexandre Loukachenko d’«usurpateur» dans une lettre envoyée à la Commission d’enquête. De lourdes peines sont toujours infligées à des personnes qui ont filmé des mouvements militaires russes en Biélorussie. Ainsi, une femme de 27 ans a été condamnée à quatre ans d’assignation à domicile pour avoir filmé les mouvements des troupes russes en Biélorussie et pour avoir envoyé la vidéo à une «formation extrémiste».

Davantage de «coordination» entre la Biélorussie et la Russie dans la sphère médiatique. Le 27 juin, Vladimir Pertsov, le ministre biélorusse de l’information, a rencontré Andreï Lipov, le président de Roskomnadzor, le service fédéral russe de supervision des communications et des médias de masse, à Moscou. Selon le ministère biélorusse de l’information, ils ont discuté des «tendances contemporaines en matière de réglementation des médias et des relations juridiques dans l’espace en ligne». Les deux parties prévoiraient de coordonner et d’intensifier leurs efforts afin de limiter l’accès aux médias indépendants.

Des menaces de restreindre l’accès à YouTube. Ivan Eismont, le président de la Belarusian Broadcasting Company, a menacé de totalement restreindre l’accès à YouTube en Biélorussie si les chaînes des médias d’État étaient suspendues. «Si aucun [contenu officiel] biélorusse n’est laissé [sur les réseaux sociaux], alors la grande question est de savoir si nous avons besoin de ces réseaux», a-t-il déclaré dans une interview.

Juillet 2022

Davantage de restrictions et de médias qualifiés d’«extrémistes». Le média European Radio for Belarus (Euroradio) a été qualifié de «formation extrémiste». Le média régional indépendant Hrodna.life et ses comptes de réseaux sociaux, ainsi que le site web de la radio polonaise Polskieradio.pl, ont été qualifiés d’«extrémistes». Le hashtag Instagram #svobodnayabelarus («#Biélorussielibre») a lui aussi été ajouté à la liste des «extrémistes». L’accès en ligne au journal économique Les Biélorusses et le marché, aux sites web vkletochku.org et politzek.me (qui facilitaient la communication avec les prisonniers politiques), ainsi qu’au Centre d’enquête biélorusse a été limité. Arche.by, le site web d’un magazine biélorusse axé sur l’histoire, a été restreint pour avoir «republié du contenu extrémiste».

L’étiquette de terroriste et 6,5 ans de prison pour un partage sur les réseaux sociaux. Des citoyens continuent à être arrêtés pour avoir partagé du contenu provenant de médias indépendants dans des discussions publiques et sur leurs comptes de réseaux sociaux privés. En juillet, plus de 130 ressortissants biélorusses avaient été ajoutés à la «liste des terroristes», souvent pour avoir simplement propagé du contenu «extrémiste».

Les défenseurs des droits de l’homme rapportent que Danuta Perednya, une étudiante de 20 ans, a été condamnée à 6,5 ans de prison pour avoir «nui aux intérêts nationaux de la Biélorussie» et «insulté Alexandre Loukachenko». Son «crime» est d’avoir partagé dans une discussion sur Telegram un texte qui critiquait Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko, ainsi que la guerre qu’ils ont lancée contre l’Ukraine. En outre, Danuta Perednya a été ajoutée à la «liste des terroristes».

Une journaliste a été condamnée à huit années supplémentaires de prison pour «trahison». Katerina Andreïeva, une journaliste de Belsat, a été condamnée à huit ans de prison pour avoir «transmis des secrets d’État biélorusses à une nation étrangère, à une organisation internationale ou étrangère et à leurs représentants». Elle purge déjà une peine de deux ans pour avoir diffusé un rassemblement de protestation à Minsk en novembre 2020.

La répression contre des journalistes et des blogueurs de TikTok. Le journaliste Yury Hantsarevitch a été condamné à 2,5 ans de prison pour avoir diffusé des photos d’équipements militaires russes en Biélorussie. Yahor Lebiadok, un expert militaire biélorusse de premier plan et blogueur, a été placé en détention pour des chefs d’accusation douteux. Le journaliste Pavel Dailid a quant à lui été détenu pour avoir pris une photo en 2020 avec le drapeau blanc-rouge-blanc lors d’un rassemblement autorisé. Les canaux TG pro-régime ont publié la «confession vidéo» du blogueur de TikTok Aleksandr Gurnik, sauvagement battu. Le blogueur de TikTok Yaroslav Velichko, qui compte plus de 20 000 abonnés, a été placé en détention. Les canaux TG pro-régime ont publié la vidéo de sa «confession». Ces derniers temps, les autorités ont essentiellement ciblé les blogueurs de TikTok, probablement car la plupart des blogueurs de YouTube ont déjà émigré ou été emprisonnés, mais aussi en raison de la popularité croissante de l’application en Biélorussie.

Selon l’Association biélorusse des journalistes, plus de 400 journalistes ont quitté la Biélorussie depuis 2020.

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