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Combien de tombes creusées en une année...

février 23, 2023

Demain, cela fera un an que la Russie a envahi l’Ukraine. La campagne de désinformation pro-Kremlin a prémédité le bain de sang et les souffrances humaines infinies provoquées par l’envahisseur. Le flux constant de mensonges, que nous avions déjà dénoncé à l’époque, ne connaît encore pas de répit aujourd’hui.

Grâce à son cocktail toxique composé de mensonges éhontés, d’inventions, de récits historiques déformés et de points de vue amplifiés servant ses objectifs, l’écosystème de mensonges et de manipulations du Kremlin continue d’empoisonner les esprits, dans la région mais aussi au-delà.

Ce cocktail toxique incite certaines personnes à commettre les atrocités que l’on sait tout en les justifiant. Il crée aussi la confusion chez d’autres personnes et les empêche d’agir.

L’UE dans la ligne de mire du Kremlin

La machine de désinformation et de manipulation des informations pro-Kremlin continue de prendre pour cibles les hauts-représentants de l’UE. Cette fois, elle a déformé les propos de Josep Borrell, haut-représentant de l’UE, lors de la Conférence de sécurité de Munich.

La déclaration de M. Borrell, intentionnellement déformée pour tenter de faire croire que l’UE et les autres Alliés occidentaux étaient en conflit direct avec la Russie, a circulé dans l’écosystème pro-Kremlin, y compris dans les canaux diplomatiques officiels, les organes de presse et les chaînes Telegram populaires. L’information n’a pas seulement circulé en russe: la traduction trompeuse était aussi disponible en italien, en espagnol et en bulgare.

Ce faux discours récent fait suite à de précédentes déclarations pro-Kremlin selon lesquelles l’UE cherche à limiter la liberté d’expression. Ces manipulations du Kremlin ont eu lieu après la présentation par M. Borrell du rapport du SEAE sur les tentatives étrangères visant à influencer les processus démocratiques européens (Foreign Information Manipulation and Interference – FIMI), le 7 février.

Au vu des vives réactions constatées dans l’écosystème de manipulation des informations du Kremlin, il est clair que les remarques de M. Borrell et le rapport du SEAE ont fait mouche. N’est-ce pas le comble de l’ironie et du cynisme que la Russie, qui se place parmi les derniers du classement mondial de la liberté de la presse et qui expose les médias et journalistes indépendants qui exercent leur activité dans le pays à un risque mortel, essaie de faire passer des mesures justifiées contre ses organes de propagande pour des actes contraires à la liberté d’expression?

Le grand n’importe quoi présenté à l’Assemblée fédérale

Une partie de l’auditoire de Poutine aurait bien besoin d’un rappel à la réalité mais ses divagations récentes n’ont pas eu cet effet.

Bien au contraire, il a essayé une nouvelle fois de justifier la guerre livrée par la Russie à l’Ukraine à coup de déclarations absurdes et arrogantes dont le caractère erroné a été prouvé à de nombreuses reprises. Les remarques de Poutine démontrent clairement une tentative violente de sa part de réécrire l’histoire ainsi que le caractère impérialiste de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Son discours sans imagination et mensonger devant l’Assemblée fédérale est une analogie presque parfaite avec la Russie qu’il dirige, soulignée par de multiples ovations sans enthousiasme soigneusement chorégraphiées.

Il apparaît hanté par un glorieux passé qui n’a jamais existé, souffrant d’une peur paranoïaque d’ennemis qui n’existent pas, aigri par des trahisons qui n’ont jamais eu lieu, et enhardi par un orgueil démesuré pour sa force et sa portée impérialiste qui apparaît comme une illusion brisée. Empêtré dans ses propres mensonges et incapable d’affronter la vérité, de se repentir et de changer.

Autres cas de désinformation de cette semaine:

  • L’Ouest veut entraîner la Biélorussie dans la guerre. Aucun des voisins de la Biélorussie n’a de projet offensif à son égard, à l’exception de la Russie. Les discours hostiles tels que ceux présentés ici ont plusieurs objectifs. Tout d’abord, ils tentent de faire passer les pays occidentaux pour des nations agressives et espérant voir la situation se dégrader. Ensuite, ils essaient de justifier la guerre actuelle en faisant passer l’Ouest pour agressif. Enfin, et c’est le plus inquiétant, ils préparent psychologiquement la population à ce que la Biélorussie prenne une part plus active dans l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
  • Le Printemps de Prague de 1968 était une mise en scène et n’était pas un mouvement démocratique. Afin de contrôler le présent et, plus important encore, l’avenir, les propagandistes du Kremlin attaquent et déforment sans cesse l’histoire. La politisation de l’histoire, les tentatives de réécrire l’histoire pour l’adapter aux caprices et aux manigances des dirigeants actuels (autrement dit, le révisionnisme historique) sont des méthodes très prisées par le Kremlin, comme nous l’avions déjà souligné. Dans ce cas, les propagandistes du Kremlin déforment les événements du Printemps de Prague dans le but de camoufler les crimes de l’Union soviétique et de faire passer l’Occident pour un ennemi historique, tout cela pour justifier l’opération d’agression actuelle du Kremlin.