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Diffuser de fausses informations à tout va en espérant que cela portera ses fruits

novembre 24, 2022

Depuis le 24 février, la Russie a mis les grands moyens, par le biais de son réseau diplomatique, pour diffuser ses discours de désinformation sur différentes plateformes de médias sociaux.

Par exemple, la semaine dernière, l’UE a lancé sa mission d’assistance militaire (EUMAM) en soutien à l’Ukraine. Cette mission a pour but de renforcer les capacités militaires des Forces armées ukrainiennes afin de leur permettre de défendre l’intégrité du territoire et la souveraineté nationale, ainsi que de protéger les civils des attaques sans discrimination menées par la Russie dans le pays.

Deux jours après le lancement de la mission, une page remettant en cause la mission et accusant l’UE d’escalade a été créée sur le site Web du Ministère des Affaires étrangères russe. À peine 10 minutes plus tard, un lien vers cette page était publié sur la chaîne Telegram du Ministère des Affaires étrangères russe. Peu de temps après, ce message était relayé par au moins 100 chaînes Telegram, dont celle de Maria Zakharova et plusieurs ambassades russes dans le monde.

Le même type d’amplification a eu lieu sur Twitter et sur Facebook, puisque des contenus sur l’EUMAM publiés par le Ministère des Affaires étrangères russe ont été partagés par au moins 10 comptes de diplomates russes sur Twitter et 15 sur Facebook. Sputnik Afrique et l’édition espagnole de Sputnik ont aussi publié des articles reprenant les informations trompeuses.

Le Kremlin met probablement ses réseaux diplomatiques à contribution pour distribuer de fausses informations afin de contourner les sanctions de l’UE qui visent cinq médias de désinformation russes. L’UE a sanctionné ces médias pour le rôle qu’ils ont joué dans le colportage de fausses informations visant à justifier l’invasion de l’Ukraine par la Russie, à déstabiliser les pays voisins de la Russie et à porter préjudice à l’UE et à ses États membres.

Le moment d’affronter les faits… ou non

Le 17 novembre, le Tribunal de district de La Haye a rendu une décision attendue depuis longtemps dans l’affaire pénale du MH17, condamnant les Russes Sergey Dubinskiy et Igor Girkin et l’Ukrainien Leonid Kharchenko à la prison à vie pour la destruction du vol MH17 et l’assassinat de ses 298 passagers. Le quatrième suspect, un citoyen russe du nom d’Oleg Pulatov, a été acquitté.

Les désinformateurs pro-Kremlin se sont empressés de rejeter la décision, déclarant le cas non valide sur le plan juridique, blâmant l’Ukraine, et remettant en question l’intégrité du système juridique néerlandais.

Si toutes ces allégations ont l’air de se ressembler, c’est que c’est le cas. Dès que le crash a eu lieu en 2014, l’écosystème de désinformation russe a mis tout en œuvre pour rejeter le blâme sur d’autres. Pour celles et ceux qui veulent souhaitent consulter d’autres exemples du mode opératoire utilisé par le Kremlin, nous avons plus de 330 cas sur le vol MH17 dans nos archives.

Échauffer les esprits grâce aux discours de désinformation sur l’énergie

En début de semaine, plusieurs médias de désinformation pro-Kremlin et chaînes de média sociaux sur Telegram et Twitter ont pris pour cible Josep Borrell, un haut-représentant de l’UE, afin de le discréditer. Ils ont essayé de faire croire qu’il avait déclaré que chauffer les appartements à plus de 18 degrés était un crime contre les valeurs européennes.

Que les choses soient claires: non, Josep Borrell n’a rien dit de tel. L’allégation émane d’une chaîne Telegram se targuant de publier exclusivement des contenus satiriques et de fausses informations. L’auteur de la même chaîne a publié plus tard une autre fausse déclaration attribuée à M. Borrell, dans laquelle il aurait prétendument appelé les autorités à punir l’auteur des fausses informations diffusées à son sujet.

Tirer parti des médias satiriques existants est une méthode couramment utilisée dans l’écosystème de désinformation pro-Kremlin, que ce soit par ruse, fourberie ou pure stupidité. L’an dernier, nous avons écrit un article sur Panorama, un site Web satirique russe dont les publications ont été prises pour argent comptant de nombreuses fois par des médias russes contrôlés par l’État et des personnalités haut placées.

Le discours ciblant Josep Borrell est aussi l’exemple classique d’une des tactiques les plus prisées par le Kremlin pour exciter la méfiance à l’égard des autorités européennes et pour minimiser les efforts déployés par l’Europe pour réduire la consommation énergétique.

Deux autres tentatives récentes de diffusion de fausses informations sortent du lot. Dans la première, des acteurs de la désinformation pro-Kremlin ont essayé une nouvelle fois d’attribuer la responsabilité des prix élevés de l’énergie à l’UE. Ils ont pour cela amplifié la propagation d’une vidéo étrange, censée être une publicité pour un café russe situé à Berlin, et montrant la vie en Allemagne dans un avenir proche, une fois Poutine devenu Chancelier européen. (Attention spoiler) Ce café n’existe pas à Berlin.

De plus, plus tôt ce mois-ci, plusieurs chaînes de désinformation pro-Kremlin ont fait la promotion de vidéos professionnelles sur les rigueurs de l’hiver au Royaume-Uni. L’envoi d’informations sur des chaînes YouTube anonymes, dont toutes ont très peu d’abonnés et ont principalement pour vocation d’héberger des vidéos reprenant les idées du Kremlin, masque l’origine russe de ces vidéos et les rend plus acceptables aux yeux des publics occidentaux.

Autres cas de désinformation de ces dernières semaines :