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Projeter leurs propres actions perverses sur les autres

juillet 14, 2022

Depuis la publication de notre dernier examen de la désinformation, les médias pro-Kremlin ont à nouveau fait monter la pression sur la Pologne. Plusieurs médias ont en effet affirmé que la Pologne était sur le point d’annexer certaines régions de l’Ukraine occidentale. Si vous êtes un lecteur fidèle de EUvsDisinfo, ce discours vous est probablement familier, la Russie l’ayant utilisé, entre autres, pour tenter de détourner l’attention du monde de son invasion de l’Ukraine. La dernière vague de désinformation à cet égard a frappé pas plus tard qu’en mai, affirmant par moments que la Pologne était sur le point d’annexer l’Ukraine de sa propre initiative, et à d’autres moments qu’elle le faisait sous les ordres de Washington.

Si les discours de désinformation pro-Kremlin sont connus pour leur caractère absurde, celui-ci est tout particulièrement difficile à concilier avec la réalité. Fait intéressant, il a déjà été utilisé à de nombreuses reprises. Les exemples de prétendus rêves d’impérialisme polonais, tels qu’enregistrés dans notre base de données, ne concernent pas uniquement l’annexion de l’Ukraine, mais aussi celle de la Lituanie et de la Biélorussie. À ce propos, nous avions déjà enregistré un exemple de ces supposés projets impérialistes à l’égard de l’Ukraine en 2016. Six ans plus tard, la Pologne ne prévoit toujours pas d’annexer la moindre partie du territoire de ses voisins. Cela ne signifie bien sûr pas que le discours de désinformation est resté lettre morte.

Toute absurdité mise à part, la Pologne a été le premier pays à reconnaître l’indépendance de l’Ukraine en 1991. Une histoire commune, des traditions et des liens culturels similaires lient étroitement la Pologne à l’Ukraine. Bien avant que les chars et les troupes russes ne franchissent les frontières ukrainiennes en février dernier, les Polonais coopéraient étroitement avec leurs homologues ukrainiens à tous les niveaux – du gouvernement central aux communes locales.

Au cours des 30 dernières années, la Pologne a été l’un des plus fervents partisans des aspirations européennes et euro-atlantiques de l’Ukraine et un important partenaire commercial. Varsovie a soutenu la perspective d’une candidature de l’Ukraine à l’adhésion à l’UE bien avant l’attaque brutale de la Russie. Le 23 juin, l’Ukraine a fait un grand pas sur la voie de son adhésion à l’UE, le Conseil européen ayant accordé au pays le statut de candidat.

Depuis février, la Pologne aide les réfugiés ukrainiens qui cherchent un abri sûr dans le pays, offrant à des millions d’Ukrainiens fuyant la guerre de Russie un accès au marché du travail polonais, ainsi qu’aux prestations sociales et de santé. Par ailleurs, la Pologne soutient activement l’Ukraine dans sa lutte contre l’invasion russe.

Un seul et unique pays viole l’intégrité territoriale de l’Ukraine: la Russie.

Projeter leurs propres actions perverses sur les autres

Les diplomates russes nourrissent l’insécurité alimentaire

Comme nous – et bien d’autres – l’avons déjà écrit, les troupes russes ont pris pour cible les entrepôts de nourriture ukrainiens, volant les récoltes et les équipements agricoles, détruisant les voies de traitement et de transport des aliments en Ukraine. Selon le Programme alimentaire mondial des Nations Unies, ces agissements contribuent à une crise alimentaire mondiale et à une menace imminente de famine. Comme à son habitude, la Russie met tout en œuvre pour en détourner la responsabilité.

Le 8 juillet, le ministère russe des Affaires étrangères a publié sur son site Internet en espagnol un autre document visant à réfuter huit prétendus mythes liés aux causes de la crise alimentaire et énergétique. Le document tente de réfuter les déclarations de hauts fonctionnaires européens – le HRVP Josep Borrell, la présidente Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Charles Michel – et impute aux sanctions de l’UE la responsabilité de la crise alimentaire et énergétique. Dans la foulée, un certain nombre d’ambassades russes de pays hispanophones (par exemple, l’Argentine, l’Équateur, le Pérou) se sont empressées d’amplifier les affirmations fallacieuses.

Une vague similaire d’activité de désinformation liée à la sécurité alimentaire, menée par le réseau diplomatique russe, a été observée au début du mois de juin. La dernière fois, un document similaire a été partagé à plusieurs reprises par des comptes diplomatiques russes sur Twitter, Facebook et Telegram. Peu après, différentes infographies – ici, nous les avons corrigées pour eux –, une vidéo et un rapport ont été produits sur la base du document. Le contenu visuel a ensuite été amplifié par plusieurs comptes diplomatiques russes, en particulier ceux situés dans des pays hispanophones hors UE.

Alors que personne n’a vraiment envie de penser à l’hiver lorsqu’il prépare ses vacances d’été, les problèmes liés à la disponibilité et à l’accessibilité des denrées alimentaires et des carburants sont loin d’être terminés. Bien au contraire. Connaissant la manière dont le Kremlin opère, nous pouvons être pratiquement certains qu’il profitera de l’occasion – en partie provoquée par lui-même – pour rejeter, déformer, distraire et déstabiliser.

Parmi les autres actualités de la semaine dernière:

  • Tel un disque rayé, Vladimir Poutine continue de prétendre que l’Occident, dirigé par les États-Unis, se comporte de manière extrêmement agressive envers la Russie depuis des décennies. Non, l’Occident a tenté d’établir des relations de bon voisinage avec Moscou depuis l’effondrement de l’Union soviétique et jusqu’au moment où la Russie a lancé sa guerre d’agression non provoquée contre l’Ukraine le 24 février 2022.
  • Une autre vieille rengaine: l’affirmation selon laquelle Kiev a remplacé les Russes par des éléments de Stepan Bandera et a transformé l’Ukraine en un État nazi. Cette affirmation sans fondement a été l’un des éléments clés de la longue campagne de désinformation du Kremlin visant à justifier l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie.